Ce
qu’ils en disent
Thierry
Fabre, Salim Jay, Nicole Massé-Muzi
L’étoffe
d’un songe
Un enfant de Casablanca renoue avec sa ville et
l’apprivoise du regard après des heures et des années
passées à observer sa permanence, venue de l’enfance, et sa
métamorphose, provoquée par les soubresauts du monde
contemporain. Il y a une infinie tendresse dans les
photographies d’Yves Jeanmougin. Le choix du noir et blanc
ne donne que plus de force, de grain et de relief pour nous
raconter sa ville. Pas de volonté d’appropriation ni
d’inutile nostalgie dans ces images, plutôt le choix d’une
distance complice, d’une proximité assumée qui vient d’une
relation à l’ailleurs, d’un là-bas qui fait partie de soi
et qui n’est pas, ou plus, chez soi… Le grand format nous
fait pénétrer dans les tours et les détours de la ville,
mais sans intrusion. On y trouve plutôt la force d’une
évidence, d’un éclat lumineux, d’une patience maîtrisée
pour saisir l’instant qui fait sens. Toutes ces images sont
faites de vie et de chairs. Beaucoup de portraits, en
groupes ou isolés, des rues, des places, le rivage et
l’Océan, le sel et le souffle, des extérieurs plutôt que
des intérieurs, mais jamais de décors.
À suivre les déambulations du photographe dans Casablanca,
on vibre avec lui, on partage ses élans, son enthousiasme
et parfois sa tristesse, son étonnement toujours devant
cette profusion de vie, à l’heure où les rues des villes
d’Europe semblent exténuées, habitées par le seul théâtre
de la marchandise. Regarder la ville, tutoyer la mer, jouer
encore et encore malgré la pauvreté et la précarité
toujours là, à proximité… Il faut s’abandonner à ce désir
d’images d’Yves Jeanmougin. Il trouve dans ce très beau
livre l’étoffe d’un songe aux yeux grands ouverts.
Thierry Fabre
in « Le Mépris »
La Pensée de midi
n° 24-25, mai 2008, Actes Sud
Dans la beauté du présent
Immersion
dans Casablanca, ode à « sa » ville d’Yves Jeanmougin, ou
l’art de la narration visuelle : le beau fruit d’un travail
de terrain débuté en 1997.
Le narrateur de Je te haïrai si je peux, nouvelle
de Youssef Fadel traduite de l’arabe par Abderrahmane
Tenkoul, n’est pas optimiste : « Je jette un coup d’œil
sur la vitrine de la librairie. Quelques cahiers, des
récits de voyage et de vieux livres de philosophie, que
j’ai lus et relus maintes fois. […] Moi-même, je ne m’y
intéresse plus, je n’attends plus d’acheteurs, je n’attends
aucun miracle. »
Or, le miracle survient et c’est ce livre à l’incipit
désenchanté, c’est le magnifique album de photographies
d’Yves Jeanmougin, Casablanca.
Océan des possibles
Jeanmougin est natif de Casablanca et c’est en frère de
sang à peine imaginaire qu’il raconte visuellement la ville
et ses gens, enfants, adolescents, vieillards, mariées,
marieuses, porteurs de rêves ou d’eau, ou de bidons
d’essence, ou de tee-shirts frappés du logo d’une marque de
whisky tandis que d’autres sirotent un thé à la menthe.
Casablanca est un livre d’amoureux, « source
de mes plaisirs et de mes tourments infinis » dit
d’elle le romancier Youssef Fadel. Yves Jeanmougin déploie
pour nous tous les paysages humains de la capitale
économique du Maroc. Il sonde les reins et les cœurs de la
mégapole et nous découvre la plasticité espérée des
destins, la violence des confinements et la pureté des
rêves sauvegardés. Casablanca est un album d’une
troublante beauté, avec quelque chose d’irréductiblement
véridique, un beau livre solaire et libre, ouvert sur un
océan de possibles.
Salim Jay
Qantara n° 67, avril 2008, Tanger : légendes et
séductions, Institut du monde arabe
Un
miracle de temps arrêté
Paris, le 2 février 2009
Cher Monsieur,
La nuit avance sur Youssef Fadel. Personne pourtant ne
pouvait mieux que lui, dont la vue faiblit de plus en plus,
introduire vos photographies qui regardent Casablanca de
l’intérieur.
Ce dimanche matin de mai 2008 où je découvrais votre
livre à la librairie du Jeu de Paume, un soleil déjà chaud
entourait de légèreté le jardin des Tuileries désert. Ou
peut-être était-ce moi qui me sentais légère malgré le
poids de votre ouvrage au bout du bras ?
L’âne d’Aïn Bordja, les paquets d’eau de mer s’abattant sur
le pêcheur impassible, le vitrail intact du Sacré-Cœur vide
des cortèges d’aubes immaculées attentives à maintenir la
flamme des cierges d’un jour, les Habous encore peuplées
des djellabas d’antan, la plage de Sidi Abderrahmane à
marée basse et, devant Eden Rock, ces troncs d’arbre
devenus poteaux télégraphiques sur lesquels nos mains
d’enfant se piquaient d’échardes… C’est comme un miracle de
temps arrêté. Et la silhouette du minaret de la mosquée
Hassan II, nouvel accent vertical dans le ciel de
Casablanca, n’y change rien. Au contraire.
Il y a le noir et blanc bien sûr, qui nous parle tellement…
Mais il y a surtout la marque d’une connaissance profonde
de cette cité, votre regard sur elle qui la scrute et la
caresse tour à tour, refuse de la lâcher jusqu’à lui faire
dire qui elle est vraiment. Pas de nostalgie encombrante
dans cette superbe galerie de portraits qui fabriquent
l’intimité de la ville en nouant les unes aux autres
ressouvenances douces du passé et images du présent. Notre
mémoire s’étoffe au fil du temps de couches successives qui
lui donnent chair et vie.
Le livre est posé là depuis des mois, ouvert. Et chaque
main qui passe le feuillette sans se lasser.
Bien à vous
Nicole Massé-Muzi
Auteur de
Casablanca rêvait, Séguier, 2007
Avoir un
aperçu du livre. (séquence
Flash)
Casablanca
Yves
Jeanmougin photographies
Youssef
Fadel texte
Préface de Paul
Balta
Livre broché 36 x 24 cm / 208 pages / 190 photographies en
bichromie
Métamorphoses / Tarik éditions (2007)
ISBN 978-2-9514410-4-0
35
€ [ au lieu de
45
€ ]
Cet ouvrage est disponible directement
auprès de :
Métamorphoses
Friche la Belle de Mai 41 rue
Jobin 13003 Marseille
Bon de commande à télécharger
meta@metamorphoses-arts.com
www.metamorphoses-arts.com